Changer la couleur des yeux ?



Actuellement nous déconseillons cette chirurgie, l’article suivant essaye d’expliquer les données actuelles et les risques encourus.

Actuellement  3 techniques existent :

1- La technique FLAAK® (kératopigmentation) 

Elle consiste uniquement à injecter du colorant dans la cornée. L'aspect ne ressemble pas à une oeil de couleur car il ne change pas la couleur de l'iris qui se situe derrière. Le regard a changé de couleur mais avec un aspect qui ne nous semble pas satisfaisant, c'est pourquoi nous ne conseillons pas cette chirurgie.

Cette technique, même si elle paraît moins invasive que l’insertion d’une prothèse d’iris, que nous détaillerons plus bas, comporte certains risques.

La tolérance du pigment sur le long terme est encore très peu connue ;
L’opacification de la périphérie de la cornée provoque une gêne pour examiner certaines structures intraoculaires comme la périphérie rétinienne ;
Changer de couleur des yeux par kératopigmentation occasionne une gêne en vision nocturne due à la réduction apparente du diamètre de la pupille ;
Le regard apparaît peu naturel, voire vitreux, car la teinte est délivrée dans le plan de la cornée.

À ce jour, les chirurgiens ophtalmologistes ne disposent pas du recul nécessaire pour évaluer les risques d’une intervention permettant le changement de couleur des yeux sur le long terme.

Œdème de la cornée, érosion de la cornée, risque de cécité, opacification de la périphérie de la cornée ont été décrits. La kératopigmentation est déconseillée par de nombreuses sources médicales du fait de ses nombreux risques pour la santé des yeux.


2 - Le laser YAG irien Stroma®  = "iridochromatoplastie au laser": dépigmentation de l’iris en plusieurs séances qui est en cours de développement et donne des résultats encourageants.

Cette technique consiste à faire disparaitre au laser les pigments foncés de la face antérieure  de l'iris avec des impacts de laser YAG en plusieurs séances. Elle permet de diminuer la mélanine de l'iris qui est plus présent dans les yeux marrons , moins dans les yeux verts et encore moins dans les yeux bleus.

La dépigmentation au laser : quels sont les risques ?

Des études concernant l’utilisation d’impact de laser Yag pour changer la couleur des yeux sont actuellement en cours. On recense toutefois certains risques quant à l’utilisation de cette technique pour le changement de couleur des yeux :

Les impacts de laser provoquent une inflammation la couche superficielle de la cornée ;
Sur le plan cosmétique, l’iris adopte plutôt une couleur grisâtre que bleue ;
Dépigmenter l’iris peut entraîner un éblouissement irréversible obligeant le port de lunettes de soleil ou de verres teintés ainsi qu’une souffrance de la rétine.

Dans les cas les plus graves, la dépigmentation au laser peut avoir pour conséquence l’apparition d’un glaucome. En effet, le pigment, qui se libère à l’intérieur de l’œil, s’accumule ensuite dans le trabéculum, un tissu de fibres collagènes situé dans l’angle irido-cornéen, et peut ainsi provoquer une hypertension de l’œil pouvant être à l’origine d’un glaucome.

Actuellement ce laser n’est pas utilisable aux états Unis et n’est pas très populaire en France. 

Toutefois une étude récente prospective sur plus de 1200 yeux n'a retrouvé aucune complication notable en dehors de réaction inflammatoire bénigne cédant au traitement médical et de rares cas de photohobie. Cette technique a pour avantage de de ne pas modifier le fonctionnement de l'iris qui réagit à la lumière En l'état actuel de nos connaissance il semble que ce soit la chirurgie d'avenir qui pourra être proposée.


3- Les implants iriens en Silicone

Il y a quelques années, des implants de remplacement de l'iris ont été posés dans d'autres pays mais ont donné de graves complications (glaucome) avec souvent une perte de vue définitive. 


Même si l’illusion est réussie, à faible distance, l’aspect de la prothèse diffère grandement de celle de la face antérieure de l’iris ;
Le diamètre de la pupille est fixe. Ainsi, l’expression du regard, naturellement en mouvement en fonction de la luminosité ambiante, est figée. Avant l’intervention, alors que la pupille se dilate dans la pénombre, après la pose d’une prothèse pour changer la couleur des yeux, le jeu pupillaire n’est plus visible: cela entraine une gêne dans la pénombre.


Dans un nombre significatif de cas, l’implantation d’iris artificiel a occasionné des dégâts irréparables engendrant des pathologies sévères telles qu’un glaucome induisant une cécité ;
Souvent après un certain délai, l’uvéite chronique due au frottement entre l’iris et l’implant a fait aussi partie des complications ;
L’inflammation intraoculaire provoquée par la pose de prothèse d’iris peut également engendrer une hausse de la pression intraoculaire.

En raison des nombreux risques liés à cette intervention, ce procédé n’a pas reçu l’agrément de l’Union européenne et est interdit aux États-Unis. 

Compte tenu des risques associés aux différentes interventions, la plus grande des prudences doit être observée. Avant l’opération, il est essentiel de disposer de toutes les informations sur l’intervention et ses risques. La décision doit être prise en ayant connaissance de l’ensemble des risques liés à cette intervention. Si vous choisissez de réaliser l’opération de changement de couleur des yeux, un contrôle régulier chez l' ophtalmologue qui vous a opéré doit être réalisé.

Personne n'a réalisé en France à notre connaissance  une chirurgie avec mise en place d'implant irien. 


AU TOTAL : actuellement, nous ne conseillons pas de chirurgie de changement de couleur car les risques sont trop importants ou les résultats peu satisfaisants pour un coût important.

Le port de lentilles de contact colorées semble la solution la moins risquée pour changer la couleur de vos yeux de façon temporaire

Cependant, il est important de rappeler que le port de ce type de dispositif, tout comme le port de lentilles de correction, doit être réalisé sous contrôle médical. Il est aussi essentiel de respecter les règles d’utilisation des lentilles de contact pour prévenir une éventuelle pathologie associée (infection, abcès de cornée…).


L'"iridochromatoplastie" au laser semble la voix la plus prometteuse. Pour l'instant interdite en France et devrait probablement arriver prochainement. Dans l'attente, les lentilles de couleur sont la meilleur solution.

Pour aller plus loin sur l'iridochromatoplastie :

Déroulé habituel dans les centre pratiquant cette chirurgie :  

- A la première consultation, les patients sont informés de la nature du traitement au laser.
- Ils reçoivent le document de consentement éclairé qui doit être lu à tête reposée pour qu’ils puissent connaître et réfléchir aux avantages et aux inconvénients du traitement ainsi que consulter leur famille et leurs proches.
- Des photographies à haute résolution des deux yeux sont prises et présentées au patient pour expliquer les détails de son iris, la couleur, la densité du pigment et l’irrégularité de la surface.
- Il est réalisé une prédiction du résultat post-traitement à partir de comparaisons ou d’extrapolations sur la base de données des cas déjà traités (photographies avant, pendant et après). Au cours de cette consultation ophtalmologique, les patients sont bien éclairés sur le fait qu’en aucun cas ils ne peuvent choisir la couleur de leurs iris, ni la tonalité, ni la régularité, et que le traitement est irréversible. En effet, le laser va évaporer les cellules de l’épithélium superficiel de l’iris pour éclaircir la couleur des yeux. On ne change pas la nature, on diminue seulement l’écran qui cache la couleur originelle.
- La deuxième consultation est consacrée à un examen ophtalmologique et général, pour confirmer que le candidat remplit toutes les conditions d’admission établies.

Le traitement est effectué en plusieurs séances séparées de 24 heures. Chaque séance ne dure que 2 à 3  minutes et ne concerne qu’au maximum la moitié d’un seul iris. Il y aura donc quatre séances au total effectuées sur un maximum de quatre jours. Des consignes et des traitements précis doivent être respectés entre chaque séance.
Aucune diminution de l’acuité visuelle, ni limitation de réflexes pupillaires, ni inflammation intra-oculaire subaiguë ou chronique, ni élévations de la pression intraoculaire n’ont été observée à ce jour.
Bien qu’il existe un léger flou visuel pendant environ 4-5 heures après chaque séance laser, dû à l’effet myotique du collyre pilocarpine mis sur l’œil avant l’intervention et à la dispersion des pigments de mélanine dans la chambre antérieure de l’oeil, cette gêne disparaît rapidement et complètement.


Les réflexes pupillaires à la lumière, directs et indirects consensuels, sont restés inchangés après l’application du laser.
Les patients peuvent retourner entièrement à la vie normale le lendemain du dernier jour avec les traitements prescrits sur une période de 3 mois. Des retouches ponctuelles pour peaufiner le résultat peuvent facilement être effectuées après 6 mois.

L’hypertension oculaire est la préoccupation essentielle de tous les médecins spécialistes en ophtalmologie qui se sont penchés sur ce traitement de changement de la couleur des yeux.
Des pics de pression intraoculaire modérée ont été observés dans les 3-4 premières heures après la fin des deux premières sessions, du fait de la libération de pigment. Aucun pic d’élévation de tension n’a été enregistré après l’achèvement des traitements ou des retouches ponctuelles.
Ces élévations sont semblables à celles que l’on trouve après les traitements classiques de trabéculoplasties au laser à l’argon, et c’est pour cela qu’il a été établi un protocole de traitement préventif similaire immédiatement avant ou après la session.
A court, moyen et long terme, et sans traitement hypotenseur local, aucune élévation de la pression intraoculaire n’a été enregistrée. La moyenne globale, une fois les sessions terminées, a été de 12,0 mm Hg, sans différences statistiques significatives par rapport à avant le traitement (12,1 mm Hg).
L’hypertension oculaire subaiguë et chronique n’a jamais été détectée dans les contrôles de routine, bien que les patients interrompent le traitement hypotenseur après seulement une semaine. Il est cependant toujours conseillé de faire effectuer une surveillance à long terme de la pression.
Au cours des quinze dernières années, la thérapeutique anti-glaucomateuse a progressé considérablement, et grâce à cela, il y a eu une diminution des taux de réalisation de chirurgies de filtration, compte tenu de l’extraordinaire efficacité de la nouvelle génération de médicaments. Nous avons suffisamment d’armes pour contrôler la pression qui peut apparaître au cours des années chez les patients traités avec le laser : médicaments topiques, trabéculoplasties par laser argon et implants modernes de dépôt. Les sclérectomies profondes non perforantes ont également réduit l’incidence des complications des trabéculectomies de perforation classiques, qui sont déjà pratiquement désuètes.
Complications résultant de l’action directe du laser sur l’iris :
Ce type de complications est relativement commun, mais n’est pas grave et n’a pas de répercussion clinique. Il s’agit d’inconvénients éventuels qui s’auto-résolvent spontanément sans laisser des séquelles. Il s’agit de :
- Micro-saignements du stroma. Ils disparaissent en quelques secondes à la pression oculaire.
- Dépôts de pigment inférieurs. Ils disparaissent toujours au fil du temps, au bout de 6 heures ou plus.
- Micro-iridotomies perforantes. Pas de répercussion clinique et bénéfice pour la prévention des hypertensions intra-oculaires dites « à angle fermé ».
- Anisocorie légère, par dilatation pupillaire unilatérale minime. Ce phénomène peu visible à l’œil nu d’irrégularité de la taille des pupilles se voit très rarement et se normalise en quelques jours ou quelques semaines.
- Vision floue pendant 4-5 heures.
- Photophobie temporaire pendant quelques jours.
- Une uvéite antérieure a été observée qui s’est résolue en 48 heures.


Efficacité :

Le degré d’efficacité de ce laser est très élevé. On obtient instantanément un changement de la couleur de l’iris. Dans 100% des cas, on atteint l’objectif recherché qui est de supprimer complètement le pigment de mélanine dans la face antérieure de l’iris, de sorte que la tonalité obtenue est visiblement plus claire que la couleur marron d’origine.
En moyenne, deux sessions laser par œil sont suffisantes pour obtenir des couleurs verdâtres ou bleuâtres. Habituellement une session de révision bilatérale est effectuée au bout de trois à six mois pour finir d’éliminer les traces de pigment résiduelles, qui sont généralement situées dans la zone péri-pupillaire.
La puissance de sortie du laser est proportionnelle au niveau de la pigmentation de l’iris et aux irrégularités dans la distribution du pigment. On utilise toujours l’énergie minimale capable d’atteindre la dépigmentation de l’iris.


PrédictibilitéIl est rappelé que les patients ne peuvent pas choisir la couleur finale. Celle-ci peut varier du vert au bleu, avec leurs gammes de nuances.
Alors que la prévisibilité pratique est de 100% en ce qui concerne la réalisation de la dépigmentation de l’iris, les niveaux de prédiction de la couleur et de la tonalité exactes à la fin du traitement sont moins élevés.
Ce n’est pas le patient mais le médecin qui informe, avec autant de précision que possible, des résultats susceptibles d’être atteints. Pour ce faire, nous comptons sur trois facteurs de prévision :
Degré de pigmentation du patient : les iris verts et bleus foncés deviendront bleus très clairs ; les iris marrons noisettes clairs et verts très foncés obtiendront des couleurs vertes claires ou bleus foncés. Les iris marrons deviendront bleus-verts. Plus la pigmentation est élevée, plus fréquente sera l’apparition de verts avec des tonalités sombres. En règle générale, quand les membres de la famille ont les yeux verts, le patient finira par avoir les yeux verts. Inversement, si les yeux bleus abondent dans la famille directe, il a de fortes chances d’obtenir des yeux bleus.

Il est utile de rappeler que ce laser de changement de couleur des yeux ne dépigmente que la face la plus antérieure et la plus superficielle de l’iris, sans toucher ni endommager le stroma ni l’épithélium postérieur. Cela signifie que l’œil préservera pour le reste de sa vie la principale barrière de protection contre la lumière du soleil, l’épithélium pigmenté postérieur de l’iris, présent dans tous les yeux humains, même dans les yeux bleu ciel de naissance. Le risque évoqué par certains de DMLA n’existe donc pas plus avec ce traitement que sans.


- Le laser utilisé est une technique sûre, efficace et reproductible pour la dépigmentation de l’iris.
- Le niveau de complications précoces est faible, auto limité et sans répercussions cliniques.
- Le niveau de complication à moyen terme est nul à ce jour.
- L’efficacité anatomique de ce laser est de 100%, on obtient toujours la dépigmentation de l’iris.
- Le résultat esthétique est naturel et discret, varie du vert au bleu, mais ne peut pas être préalablement choisi.

Gageons que cette technique arrive bientôt en France.

Dr THERON